samedi 7 décembre 2019

Micro-crédits : les associations commencent à accorder des prêts à 150 000 DH

Une plateforme, nommée Rifso, est mise en place afin de canaliser les demandes. Les organismes doivent miser sur la formation des ressources humaines.

Il y a un an, le plafond des financements pouvant être accordés par les associations de microcrédit était passé de 50 000 DH à 150 000 DH. Cette mesure a été actée par le projet de loi 85.18 modifiant la loi 18.97 relative aux microcrédits. Des avancées ont été enregistrées depuis, pas au niveau de toutes les associations certes, mais celles qui disposent d’une capacité financière suffisante pour accorder un crédit d’un niveau aussi élevé. Car, disons-le, cela nécessite non seulement une base financière solide, mais également des compétences humaines et techniques et des agences dédiées à cette activité. Le but final étant d’améliorer l’accès au financement, de renforcer l’intégration du microcrédit dans le paysage financier et d’appuyer les activités génératrices de revenus.


L’association Al Amana Microfinance, ayant pénétré ce marché pendant cette année, se démarque dans le secteur. «Nous comptons déjà des crédits octroyés à un montant de 150 000 DH, à des TPE», déclare Youssef Bencheqroun, directeur général d’Al Amana Microfinance. En effet, «nous nous sommes liés à un partenaire allemand, en partenariat avec la BEI et Proparco, afin de bénéficier d’un accompagnement dans la construction d’un portefeuille et dans la mise en place d’un dispositif, avec des agences dédiées à cette catégorie de la clientèle», ajoute notre source.
Pour commencer, l’association a financé surtout le fonds de roulement et les besoins de trésorerie, causés inéluctablement par les effets des longs délais de paiement. Cela ne veut pas dire que le volet investissement ou encore exploitation sont exclus de l’activité de financement. «Nous nous orienterons vers cela au fur et à mesure du développement de produits adaptés», ajoute M.Bencheqroun.
La grande nouveauté en la matière, c’est la mise en place d’une plateforme, nommée Rifso, afin de canaliser les demandes de crédits.
Il s’agit de la première Fintech marocaine qui a développé une marketplace dématérialisée de bout en bout (Paperless) facilitant ainsi l’accès au financement de l’exploitation des TPE, des auto-entrepreneurs, et des professionnels, tout en favorisant l’inclusion financière. Les entreprises souhaitant un financement pourront effectuer une demande de financement en ligne et recevoir une réponse en 48h. Plus besoin de se déplacer, une signature électronique suffit.
Les taux d’intérêt seraient moins élevés que ceux accordés aux particuliers. Le relèvement du plafond des crédits accordés supposerait que le taux d’intérêt serait astronomique. Non, répondent les professionnels contactés. Ils ne seraient pas en décalage avec ceux pratiqués par les banques. «Plus élevés certes, puisque le modèle même d’une association de micro-crédit est loin d’être similaire à celui de la banque conventionnelle, mais ne devraient pas atteindre les taux accordés aux particuliers», explique une source. Il faut noter, par ailleurs, que le taux d’intérêt n’est pas parmi les premières préoccupations des clients. Ces dernières sont liées surtout aux montants de financement, au manque d’accompagnement et de conseil.
Si certaines se sont lancées dans cette activité, d’autres le sont moins ou sont toujours en cours de préparation, car, il faut le dire, cela nécessite une mise à niveau importante, tant au niveau de la formation des ressources humaines que d’offres destinées à la TPE, ou encore de gestion des risques… «Accorder un financement de 150 000 DH au lieu de 50 000 DH relève de la mésofinance, se situant à mi-chemin entre la banque et le micro-crédit. Un travail préalable de scoring est exigé, au même titre qu’une étude de marché et des garanties exigibles…», conclut M. Bencheqroun. Quoi qu’il en soit, une médiatisation du produit est à entamer. D’ailleurs, la Fédération des associations du micro-crédit est en cours de préparation d’une campagne, afin de vulgariser cette mesure et d’inviter les opérateurs du marché à s’inscrire dans la même démarche.



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